RÈGLES APPLICABLES À LA LANGUE KHMÈRE.

RÈGLES GÉNÉRALES :

Avant d'aborder les leçons, il est nécessaire de rappeler les grandes règles qui régissent la langue khmère.

 

Première règle :

Un mot khmer est défini dans un sens général. Il prend un sens particulier en ajoutant à sa suite les déterminants appropriés dans un ordre voulu.

Deuxième règle :

Un mot est invariable. Donc facile à retenir. Il n'a ni genre, ni conjugaison, ni mode, ni temps...

Troisième règle :

Dans une phrase, le premier verbe indique l'action. D'autres verbes peuvent être ajoutés en cascade pour préciser progressivement le sens de la phrase.

Quatrième règle :

Il faut obligatoirement lire une phrase dans son ensemble pour vraiment connaître le sens de chaque mot. (C'est une langue narrative qui procède par précisions successives, voire de répétitions.).

Cinquième règle :

La phrase khmère est une juxtaposition spatiale et temporelle, non une organisation logique et cartésienne.

Sixième règle :

Les verbes d'action sont très spécialisés et n'ont pas de sens général comme les autres mots. Par exemple, il n'existe pas de mot général pour le verbe « porter ». Mais une quinzaine de mots désignant chacun une façon différente de porter : sur le dos, sur l'épaule, sur la hanche, sur la tête… De même pour un certain nombre de verbes comme : pencher, mettre, mourir, manger… Donc, beaucoup d’exceptions à connaitre.

SYNTAXE :

Conjugaison :

Pas de genre, pas de nombre, pas d'article défini ou indéfini.

 

Pluriel :

Les noms, adjectifs, sujets, compléments et verbes sont invariables.

Pour indiquer le pluriel, on ajoute un déterminatif, par exemple : je mange gâteau deux trois morceaux (Ce n'est pas français, mais c'est une construction khmère.) : ខ្ញុំ ញ៉ាំ នំ ពីរ បី ដុំ /

Khniom ខ្ញុំ (je) nïame ញ៉ាំ (manger) nome នំ (gâteau) pi bèye ពីរ បី (deux trois) dome ដុំ (morceaux).

Dans cette phrase ; pi bèye ពីរ បី, qui correspondent aux chiffres deux et trois, indiquent le pluriel et sont l'équivalent de : plusieurs, quelques…

Ou bien, on double le dernier mot d’une expression afin de préciser le pluriel.

Par exemple, il y a de grandes routes : មាន ផ្លូវ ធំៗ Mirne មាន (avoir) phleuw ផ្លូវ (route) thom thom ធំៗ (grandes).

Le doublement du mot «ធំ / thôm » qui correspond dans ce cas à « grand », indique le pluriel lorsqu'on lui associe le signe  "Lék tau ៗ" qui, placé derrière un mot, entraîne sa répétition.

 

Genre :

Pour indiquer le genre, si on le souhaite, on précise mâle ou femelle (Prro ប្រុស = homme ou Srèye ស្រី  = femme, pour les humains ​; Tchmôl ឈ្មោល = mâle, ou Gni ញី = femelle, pour les animaux).

 

Temps :

Pour indiquer le temps, on ajoute des adverbes : avant-hier, hier, aujourd'hui, demain, après demain ; ou encore avant, après, longtemps avant, longtemps après...).

 

Espace :

Pour indiquer la notion d'espace, on utilise deux catégories d'adverbes, selon que l'on indique un espace proche ou un lieu plus lointain.

Pour un horizon très proche (autour de soi), on précise avec les adverbes : devant, derrière, dessus, dessous, sur le côté, à droite, à gauche.

Mais pour indiquer un lieu hors de l'espace proche, on utilise les points cardinaux : nord, sud, nord-est, sud-ouest...).

Parfois, ce sont les points cardinaux qui sont utilisés même pour désigner la chambre d’à côté… Si cette chambre se situe au nord par rapport à vous, vous direz : la chambre au nord បន្ទប់ នៅ ខាង ជើង Bantôp បន្ទប់ (chambre) neuw នៅ (au) khaing ខាង (côté) thïeung ជើង (nord).

CONSTRUCTION DE PHRASES :

Les phrases simples sont toujours construites avec :

SUJET + VERBE + COMPLÉMENT.

  • Le « sujet » est le terme qui désigne l'auteur de l’action. En règle générale, il se place devant le verbe.
  • Le verbe a toujours la même forme (comme l'infinitif du français), puisqu'il est invariable. Il se place toujours après le sujet (que ce soit un nom ou un pronom).
  • Les compléments peuvent être remplacés par des noms, des adjectifs, des adverbes.

Les trois formes de construction sont : forme affirmative, forme négative et forme interrogative.

Les deux modes de construction sont : l'indicatif et l'impératif.

ATTENTION : l’association VERBE + COMPLÉMENT, ou COMPLÉMENT + VERBE est une singularité de la langue khmère, comme beaucoup d’autres langues…

Pour désigner une action en court on utilise l’association : VERBE + COMPLÉMENT.

Par exemple « griller de la viande » se dit Haing saït អាំង សាច់ (Haing អាំង = griller / Saït សាច់ = viande).

Alors que pour désigner le résultat de l’action, on inverse l’association COMPLÉMENT + VERBE.

Par exemple « viande grillée » se dit Saït haing សាច់ អាំង. Comme en français, mais plus simple.

RÈGLES POUR LA PHONÉTIQUE :

La phonétique utilisée a été mise au point et proposée par mon épouse, Tiane, en 1997.

Phonétique que Pierre-Régis Martin, aidé par une équipe franco-khmer, dont mon épouse, a réutilisée (en partie) dans son document "Parler le cambodgien (le khmer), comprendre le Cambodge".

Même si elle n'est pas parfaite, cette phonétique a le mérite d'être relativement simple, puisqu’elle est basée sur la méthode syllabique française. Ainsi, elle permet aux francophones de prononcer les mots correctement, de nombreuses personnes l’utilisent et apprécient son efficacité.

Précisions concernant la phonétique proposée :

  • La lettre « h », qui suit une consonne, indique que la consonne associée est toujours soufflée, lorsqu'elle se situe au début d'un mot ou d'une syllabe. Ainsi, P+H ne se prononce pas « F » comme en français. Mais comme un « P » soufflé comme dans le mot Phnom = montagne). Ou encore : ខ្ញុំ = Khniom (moi, je) se prononce avec le « k » soufflé.

  • Une consonne suivie d’une apostrophe (‘) en début de mot, renforce sa prononciation. Exemple Prrokane K'tïoap = adhérer, se prononce Prrokane Ke-tïoap avec un « ke » très léger.
  • Une voyelle suivie d'une apostrophe (‘) correspond à un son bref ; si elle est soulignée ( x ) le son est maintenu.
  • Une voyelle surmontée d'un tréma ( ¨ ) indique que le son est aigu et bref.
  • Une voyelle surmontée d'un accent circonflexe ( ^ ) indique que le son est grave.